Joseph Ninane
Cette affirmation accompagne le nouveau logo de la Ville de Liège. Toujours un perron (pour ceux qui le connaissent, pour les autres c’est moins évident…) qui rappelle les libertés liégeoises acquises de haute lutte, et fait de traits verticaux gris et roses ; sa symbolique est explicitée ( pour ceux qui comprendront…) dans une charte graphique comme « le perron ( symbole liégeois équivalent de la tour Eiffel ou de Big Ben…) étant réinterprété dans un langage intemporel, dépouillé de ses artifices mais gardant sa substance, qui traduit le souci de Liège de toujours s’inscrire dans son temps. Il proclame sa volonté d’insuffler un élan nouveau à ses activités et son futur…ce logo se veut le vecteur de la politique de reconversion récemment initiée. ». Le vieux blason historique liégeois rouge et jaune, sang et or, datait surement mais on a perdu le LG (Libres Gens ou peuple libre) mais c’est « design » et on constate qu’il est systématiquement appliqué par tous les services ou pour toutes les activités de la ville.
A. UN « PROJET DE VILLE »
1- Un cap, des défis, un plan…et des projets métropolitains :
Une ville, un esprit,… c’est un thème générique illustrant tous les projets et actions de la ville. Il veut refléter une politique, une volonté des dirigeants d’élaborer et mettre en œuvre un projet de ville (intelligente car connectée précise-t-on par ailleurs) auquel ils veulent faire participer les citoyens (par enquête et tables-rondes).
Dans la présentation de ce projet (1) ils indiquent « Le projet de ville 2012-2022 c’est le cap que la ville se fixe et ce sont les moyens prioritaires qu’elle compte mettre en œuvre pour l’atteindre. Le projet de ville c’est aussi une ambition. L’ambition d’améliorer les conditions de vie des liégeoises et des liégeois dans les dix ans à venir en faisant de Liège une métropole européenne de référence »
Ce projet est la suite d’une démarche entreprise en 2003 et déjà amplifiée en 2007. Il est qualifié de « plan stratégique » et précise les 5 défis que la ville doit relever qui constituent ses objectifs dits « stratégiques » : le défi de la croissance démographique ( densification de la ville ) , le défi de la qualité de vie et du vivre ensemble, le défi socio-économique ( création d’emplois et d’activités en assurant l’attractivité du territoire) , le défi climatique ( réduire l’empreinte écologique), le défi de l’internationalisation ( notamment « réussir la métropolisation de Liège par un développement territorial harmonisé et l’affirmer à l’international ») .
Ces objectifs sont à rencontrer au travers d’un plan composé de 15 domaines d’actions « choisis comme prioritaires »: lutter contre les incivilités, mieux se déplacer, développer les espaces verts et les espaces de convivialité, connecter Liège pour mieux communiquer, investir en faveur de la formation et de l’emploi, favoriser l’accès de tous au logement, promouvoir Liège à l’international …
La troisième composante de ce projet de ville est le choix de 12 projets dits métropolitains à réaliser, dont environ la moitié ont indéniablement ce caractère comme la réalisation du tram ou encore le développement de la foire internationale de Liège, les autres concernant davantage ou exclusivement la ville et non la métropole (la transformation du quartier HLM de Droixhe, un éco-quartier à Coronmeuse, la constitution d’un pôle de service public (la cité administrative)…).
– en fait, un programme descriptif à long terme… :
Une analyse un peu plus détaillée met en évidence qu’il s’agit d’un vaste programme de travail avec plus de 100 projets placés sur un même plan, à large horizon (2012-2022). La dernière évaluation date de 2010 ! Il semblerait qu’une évaluation à fin 2014 ait eu lieu mais l’information n’est pas disponible. On disposera certainement d’une autre avant 2018, année des élections communales ! Notons que la ville publie sur son site – « les 12 grands projets urbains de 2015 »- une brochure de 32 pages uniquement avec des photos ; aussi bien la passerelle et l’esplanades des Guillemins que l’on peut à la rigueur qualifier comme tels, que la restauration de la fontaine de la vierge ou la destruction du théâtre de la place qui n’ont rien de particulièrement significatives . On peut aussi y découvrir la publication annuelle d’un « rapport administratif de la ville », le dernier étant relatif à 2014, où on retrouve, les réalisations et initiatives des services communaux dont certaines font référence au « projet de ville ».
En réalité, ce programme apparait comme une construction intellectuelle à l’envers réalisée à postériori. A partir d’un certain nombre de propositions (souvent déjà reprises dans d’autres plans comme celui de la mobilité), il les regroupe en vrac par thèmes prioritaires, puis en objectifs généraux qualifiés de stratégiques. Mais, il n’y a pas réellement de tris pour définir de vraies priorités et en dégager une politique globale et un vrai plan stratégique coordonné à suivre.
On ne perçoit pas non plus de continuité dans le temps, le projet de mai 2013 n’étant plus du tout le même- bien que des actions identiques, formulées autrement s’y retrouvent- que celui présenté pour 2007, même s’il est normal que celui-ci ait évolué et s’élargisse ; il en est de même pour les domaines d’actions présentés dans l’enquête citoyenne ( voir plus loin) redistribués en parie thèmes qualifiés de prioritaires en 2012.
– dont deux tiers des actions prévues restent à concrétiser…:
Ce plan est donc plutôt le rassemblement de toute une série d’actions préconisées dans divers programmes et projets ( on y reviendra) et donne l’impression que l’on a voulu faire plaisir à un grand nombre de personnes : dirigeants de la ville, groupes politiques, services communaux et cellules spécialisées, associations et groupes de pression… en inventoriant des idées, suggestions, propositions, projets existants ou envisagés…
Si les actions proprement dites sont en majorité une explicitation des propositions faites dans l’enquête auprès des citoyens (voir aussi ci-dessous), dans plus de 60% des cas, on ne précise pas quelles sont les dispositions qui sont sensées les concrétiser si ce n’est de nouveau de manière générale : études à réaliser ou compléter, plateformes de concertation à mettre en place, coordination à établir, collaborations à développer, plans à compléter ou élaborer, subventions à obtenir, investissements privés à trouver… Le calendrier de réalisation restant imprécis (le plus souvent il est indiqué à partir de 2013 et années suivantes).
On ne perçoit pas non plus une hiérarchie ou une importance relative dans les priorités (et dans les actions sous-jacentes par rapport aux objectifs stratégiques.
– faisant référence à une enquête pour assurer la « participation citoyenne » :
La dimension dite participative « visant un dialogue avec le citoyen pour élaborer ce projet de ville et en choisir les priorités » est en réalité plus modeste et limitée que ce qui pourrait être laissé entendre dans sa présentation. Certes une « consultation citoyenne » a eu lieu en 2003, en 2007 et 2013 complétée cette fois par 11 tables-rondes avec des « acteurs engagés et les forces vives » (dont on ne sait rien d’autres ? qui, pour faire quoi avec quels résultats …) pour réagir aux propositions concrètes formulées par la ville et émettre leurs priorités pour la période 2012-2022.
Cette consultation s’est faite au moyen d’une brochure ( 2) proposant un questionnaire d’enquête après avoir présenté le but poursuivi,( réactualiser le projet de ville) et l’évaluation du projet en cours en citant des réalisations concrètes depuis 2007 ( sur 10 pages en suivant dix axes d’actions prioritaires à ce moment), ainsi qu’en explicitant les 5 objectifs stratégiques retenus par la ville.
Elle présente ensuite sur 28 pages les 114 propositions d’actions et d’investissements pour l’avenir regroupées suivant 12 thèmes, ce qui constitue pour chacun un plan d’action avec la description des dispositions que compte prendre la ville pour obtenir les résultats escomptés.
De plus, elle fait le point sur l’avancement de 12 grands projets engagés pour la période 2007-2015 : le théâtre royal pour l’opéra, le théâtre de la place à l’émulation, le nouveau quartier des Guillemins et la Boverie… et présente les 12 projets qualifiés de métropolitains qui « façonnent l’avenir de Liège, ville et métropole de demain » suivant les auteurs.
– appelée à se prononcer sur un flux de propositions … :
Son examen fait penser à une opération de communication pour présenter un plaidoyer pro domo des réalisations de la ville et des prolongements qu’elle prépare. Elle a néanmoins le mérite – en plus de souligner des efforts réalisés et des progrès obtenus jusqu’en 2012 – d’esquisser une vue détaillée de la situation et des changements souhaités par thèmes qui touchent la vie des gens (une ville sûre, une ville propre, une ville où on se déplace efficacement, une ville économique, touristique et commerciale, une ville jeune et sportive, une ville culturelle….) que l’on ne retrouvera pas, avec regret, dans le document final. Cette publication tente de présenter, même si c’est plutôt un exercice théorique, une cohérence globale : des objectifs stratégiques qui doivent induire une politique d’action, puis des opérations concrètes.
Son principal défaut se situe au niveau de sa complexité et de l’abondance d’informations et de propositions (47 pages) à relier entre elles ; il n’y a aucune continuité entre la présentation des axes prioritaires dans les réalisations, les objectifs dits stratégiques et les thèmes d’action proposés pour l’enquête. Prenons un exemple: l’action prioritaire n°1 « se préparer à accueillir le tram et repenser le stationnement » est à relier à l’objectif stratégique n° 2 « réussir la mutation de Liège par un développement territorial harmonisé » et au thème d’action 2012-2022 n°3 « une ville où on se déplace facilement ».
Par ailleurs la plupart des plans d’action sont décrits d’une manière tellement générale que l’on ne peut qu’adhérer aux principes proposés à défaut d’en connaître le véritable contenu. Illustration: lutter contre les incivilités – donnée comme première priorité dans une ville sûre, axe d’action prioritaire n°1- est décrite comme suit : « ….En collaboration avec l’ensemble des services communaux et associant la population, la ville mettra en place une action globale et systématique visant à identifier et diminuer, quartier par quartier, les sources d’incivilités : les dépôts clandestins, les véhicules abandonnés, la détérioration des voieries, les immeubles à l’abandon, les tags, les comportements inadaptés… »
Ce caractère littéraire et encyclopédique de la présentation n’a probablement pas favorisé la compréhension ni encouragé l’expression d’un grand nombre d’interlocuteurs.
– avec une faible participation … :
En effet, on a comptabilisé 5749 répondants (sur 112.000 brochures diffusées en plus de l’ouverture d’une page web qui a enregistré 50 % des réponses) dont 22% de non liégeois (pour mémoire la ville compte 196.000 habitants en 2014 dont 18.5 % d’étrangers, la moitié hors UE). Dans son analyse des résultats en 108 pages (3), la ville semble s’en satisfaire notant que la participation est quand même en hausse de 33% ( !) par rapport à 2007 avec une diminution de l’âge moyen de 49 à 44 ans et environ la moitié de femmes dans ces répondants ; elle a enregistré près de 8.000 commentaires (soit moins de 2 en moyenne ), le plus grand nombre, environ un millier chaque fois, à propos des thèmes :une ville sûre, une ville propre et respectueuse de l’environnement, une ville où on se déplace facilement et sur les projets métropolitains.
Notons que les tendances « dites lourdes » , comme l’indiquent le document, qui en sont dégagées à savoir : lutter contre les incivilités, plus d’espaces verts, promouvoir Liège à l’international, prise en compte de la dimension quartier, priorité à la mobilité douce, ne se retrouvent pas dans les cinq défis ou objectifs stratégiques ( dont 4 sont constants de 2007 à 2022, le premier « aider les citoyens en luttant contre l’augmentation du coût de la vie » a été remplacé par « réussir la densification de la ville » ) , mais bien dans les actions prioritaires (respectivement 1, 5, 13, 7, 2 ).
– et une prise en compte limitée de cette consultation … :
Si on tente de comparer, ( ce qui est loin d’être facile, le tout se déclinant en 259 pages !), le projet de ville adopté avec sa présentation initiale dans la brochure pour l’enquête et les résultats de celle-ci, on finit par se demander si l’organisation d’une « participation citoyenne » n’est pas simplement, en plus d’un plaidoyer, un alibi pour entériner les actions déjà terminées et les nouvelles prônées par les services de la ville elle-même (ou éventuellement par les tables rondes des « forces vives ») .
En effet, pratiquement toutes les propositions de départ se retrouvent dans le projet final, pas dans les mêmes rubriques ni le même ordre et quel que soit le pourcentage d’importance donné par les répondants (exemple marche exploratoire des quartiers = 4% d’adhésion). Il faut néanmoins souligner qu’elles ont été clarifiées et/ou simplifiées. Par contre, on ne perçoit aucune prise en compte des commentaires ou suggestions ne confortant pas les propositions préconisées par la ville : épinglons la demande de circuits de bus des hauteurs, concentrique plutôt que tout en étoile ; la promotion de l’usage du train à l’échelle de la métropole ou encore la suggestion de positionner Liège comme ville culturelle…(le public cible affirmé étant le tourisme d’affaires !).
2. Un besoin d’anticipation et de négociation… :
– car la marge de manœuvre est réduite… :
En réalité, la ville pour la majorité des projets, qu’ils soient métropolitains, prioritaires ou autres (esplanade des Guillemins, passerelle, Boverie, boulevard urbain, éco-quartiers…) qu’ils soient économiques, sociaux ou culturels.. dépend du bon vouloir et des priorités d’autres opérateurs, publics ou semi-publics ( Société wallonne des transports, Spi, Intradel, ONE, Forem, gestionnaire d’infrastructures …) ou privés ( promoteurs, opérateurs culturels gestionnaires de parkings, associations spécifiques…) et du calendrier des subventions qu’elle peut obtenir : hors fonds des communes, les diverses interventions de la région wallonne, du fédéral et des fonds européens représentent 35 % soit 98 millions d’euros des recettes prévues pour 2016 sur un budget d’environ 470 millions d’euros, plus 40 millions sur 65 au budget extraordinaire pour investissements.
Il faut se rappeler que la ville a été soumise, en compensation de l’aide de la région, pendant plus d’une décennie à un plan d’assainissement drastique, aussi bien en frais de personnel que de fonctionnement et d’investissement ayant été dans les années 85-90 en état de faillite virtuelle en raison du poids d’emprunts effectués pour des grands travaux (place st Lambert …) et du poids de sa dette sociale (charge des pensions). Le personnel de la ville représente encore 40 % des dépenses en dehors de la police, du CPAS et autres organismes associés.
Bien qu’étant revenue ces dernières années à un budget en équilibre, même avec un peu de réserves, la ville ne dispose pas encore d’une marge de manœuvre importante qu’elle voudrait élargir, en particulier dans le cadre d’une métropolisation (voir plus loin). Il suffit pour s’en convaincre de constater que sur 12 « grands projets » mis en œuvre en 2015, la ville est seulement le maître d’ œuvre pour quatre d’entre eux, les plus modestes souvent et pour une participation financière limitée à 5 ou 10%.
Son rôle actuel est davantage d’incitation, de sollicitation, de vérification et éventuellement d’imposition de choix ou de normes quand elle est compétente (autorisations et permis), et quand c’est possible de coordination et de contrôle. Ce qui explique, le grand nombre d’actions du projet de ville qui commencent par : promouvoir, amplifier, favoriser, obtenir, soutenir, inciter…dont le délai avec lequel elles ont un espoir de se concrétiser est aléatoire car dans ses sollicitations ou appels à projets…Liège, à qui on ne fait pas davantage de cadeaux qu’aux autres villes, se trouve en concurrence avec un grand nombre de quémandeurs, au niveau de l’agglomération, de la province, de la région ou du pays . Elle est aussi dépendante du caractère éphémère de certains programmes de subsides ou de leur dégressivité dans le temps comme pour le FSE (Fonds social Européen) et le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional).
– même si elle est améliorée par « la fée FEDER »… :
Pour l’affectation des fonds de ce dernier, la ville n’a pas eu à se plaindre ces dernières années, bénéficiant de budgets destinés (en principe, car en pratique cela n’a pas toujours été le cas, si ce n’est que très et même très indirectement…) à faire face au déclin de la sidérurgie et autres activités économiques. C’est grâce à lui (son intervention ayant un effet de levier sur des subventions équivalentes ou supérieurs de la Région Wallonne) que l’on doit beaucoup de réalisations: sans être probablement complet, le Grand Curtius, l’Opéra, les coteaux de la citadelle ( prix du paysage belge 2016),la rénovation du palais des congrès, La place des Guillemins, la passerelle, la Boverie et par l’intermédiaire de la SPI, le bâtiment du génie civil du Val Benoit, le parc scientifique au Sart Tilman, le Giga( centre de recherche au CHU) et 5 autres centre d’entreprises plus petits sur le territoire de la ville… De plus, bien que les moyens alloués par l’Europe soient en phase de disparition,( ils sont de plus en plus affectés en priorité en régions encore plus en difficultés économiques dans les pays de l’est) elle a encore obtenu pour un total de 125 millions d’euros d’investissements pour la période 2016-2022 pour une nouvelle halle des foires ( 33), l’aménagement public de l’éco-quartier de Coronmeuse (30), le site de Bavière (28), la transformation de la cité administrative (23) et l’aménagement d’un boulevard urbain à Wandre. On ne peut donc que s’interroger sur sa capacité d’entreprendre d’autres grands projets similaires, si on ne s’y prépare pas, quand la « baguette de la fée FEDER » (comme l’avait qualifiée assez justement une journaliste) cessera de briller à son profit…
– avec une durée de réalisation qui s’allonge, qui s’étire… :
Le temps excessif qu’il faut pour convaincre, obtenir les accords et les moyens progressivement afin de passer de l’idée au projet puis à sa concrétisation explique en partie les retards accumulés. Ainsi, le tram en gestation depuis 2011 verra son marché peut-être adjugé début 2018, soit au moment où il aurait du être opérationnel selon le plan de départ !!! Il faut dire que les liégeois en sont aussi responsables en partie, car ils ne sont pas toujours d’accord entre eux sur les solutions proposées, surtout si elles leurs sont imposées de l’extérieur comme c’est le cas avec la SRWTP, que ce soit pour le moyen de locomotion lui-même, son itinéraire, son utilisation et son mode de financement…
De propositions alternatives en discussions, de tergiversations en recours puis en concertations, d’accords partiels en remises en cause puis en accord final….le temps passe, les règles et contraintes changent, les coûts augmentent, les moyens sont redistribués autrement…et les liégeois attendent et on tendance à en rejeter toute la responsabilité sur d’autres, ce qui est faux en partie ! Et on pourrait multiplier les exemples récents (Le grand Curtius, l’esplanade des Guillemins, dont on s’est préoccupé quand la gare était terminée avec beaucoup de retard cependant…) ou plus lointain comme le métro liégeois (prévu en parallèle à celui de Charleroi) dont les crédits nécessaires ont fini par aller ailleurs, ce que l’on ne doit peut-être pas regretter aujourd’hui, mais qui s’est quand même soldé par des travaux préparatoires inutiles, dont un tunnel sous les quais de Wallonie qui a servi longtemps de parking pour les vieux véhicules de la société de transports … !
– et un passage à la pratique par un chemin sinueux … :
Certes, la démarche démocratique affirmée dans la préparation du « projet de ville » est louable mais elle n’a aucun sens, ni aucun effet, si elle n’est pas pratiquée aussi et suffisamment tôt pour chacun des projets importants, même s’ils sont mis en œuvre par d’autres opérateurs que la ville. Il est trop tard quand celle-ci doit affronter toute une série de recours ; les dossiers s’enlisent et il faut quand même passer par la phase de concertation en ayant perdu beaucoup de temps, voire de moyens, et créé beaucoup d’insatisfactions.
Même si on ne peut satisfaire tout un chacun, Il serait plus logique et efficace que la ville se préoccupe dès le départ d’organiser les consultations préalables, d’écouter les critiques, d’analyser les suggestions, de s’inspirer des contrepropositions, d’anticiper les plaintes, de limiter les préjudices, d’obtenir des dédommagements adéquats… c’est-à-dire de mobiliser le maximum d’énergie pour trouver rapidement une solution valable pour le plus grand nombre de citoyens mais aussi acceptable pour une majorité de ceux qui sont directement concernés. Espérons que cela pourrait être le cas pour l’aménagement de la place Cockerill et de son parking souterrain qui, récemment, a été remis à l’étude après la première présentation publique.
– de plus en plus couteux…
Cet examen contradictoire devrait aussi porter sur les modalités et les budgets correspondants. On assiste à un accroissement étonnant de ceux-ci et à des dépassements plus que conséquents en cours de route, liés pas tellement à l’inflation mais surtout aux retards et adaptations, aux exigences parfois excessives d’organismes européens ou wallons comme les monuments et sites … et encore au souhait de faire plus beau ou plus grandiose ou plus spectaculaire, avec un « geste architectural ou artistique ou environnemental… », que ce soit dans la conception, dans les matériaux, dans les techniques … (le désir de certains politiques est de se valoriser, de laisser des traces…). Le tout est compréhensible mais ne justifie pas d’atteindre in fine des dépenses trop élevées, si pas irraisonnables, pour un projet. Cet argent n’est plus disponible pour un autre, mais cela ne semble pas affecter beaucoup de responsables; il faut dire que l’annuité ou la durée limite d’utilisation des budgets, comme le non-transfert des moyens de l’un à l’autre, leur donnent d’apparentes bonnes raisons pour tout dépenser et même au-delà régulièrement.
Ainsi, en période de crise et de manque de moyens, on pourrait s’interroger en comparant un coût de 25 millions d’euros pour 15.000 m² de bureaux pour la transformation du bâtiment du génie civil en centre d’entreprises et celui de la rénovation de la Boverie, même si elle était nécessaire et est réussie, soit 27 millions pour 6.000 m² d’expositions et réserves. Comme on peut multiplier les exemples de montants de dépenses sur lesquels on reste dubitatif, le plus spectaculaire étant sans conteste la « gare Calatrava », les citoyens peuvent se demander si la même fonction ou le même usage ne pourraient pas être remplis sur les plans fonctionnel, esthétique, durable, écologique…pour un coût mieux proportionné et plus acceptable tout en ayant un résultat qualitatif plus que satisfaisant. Le choix finalement adopté pour l’esplanade allant de la gare aux quais de la Meuse pourrait peut-être servir de référence, d’autant que cette fois-ci il a permis de valoriser des concepteurs liégeois
3. Un besoin de cohérence et de cohésion :
– face à une multiplication des plans et programmes… :
Si on examine les rubriques du site internet de Liège, on constate qu’il existe à côté du projet de ville, un grand nombre de plans et programmes antérieurs ou élaborés en parallèle, ou à sa suite dont : un « plan communal de mobilité » ( arrêté en 2004, avec 11 objectifs dits aussi stratégiques toujours d’actualité, plus un « plan piéton » et un « plan vélo et un autre « plan de transport des marchandises » ) ; un « plan de prévention » en matière de sécurité ( avec en complément un « plan stratégique global et intégré » de lutte contre la toxicomanie ) ; un « plan communal pour la lutte contre la pauvreté »( plus un « mémorandum des associations », le tout avec 250 propositions d’améliorations suivant 15 axes dont beaucoup de souhaits sans modalités pratiques et encore un « plan de cohésion sociale » coordination et liaison entre 5 services du CPAS, 2 intercommunales et 13 Asbl) ) ; un « schéma de développement commercial » ; un plan stratégique informatique ;un plan triennal des travaux publics ( avec un plan annuel d’entretien des voieries et à côté, un plan lumière et un plan communal de développement de la nature ) ; « Liège sports » (un pacte liégeois pour un sport sain, amical et respectueux entre 15 associations ) ; … et d’autres sont prévus : « plan global zone 30 », ; un plan pour intégrer les NTIC dans les institutions culturelles ; un plan de communication sur le tram ; un plan global des espaces verts ; un plan de circulation…. et d’autres encore résulteront logiquement des actions d’études et concertations prônées comme un plan d’action des crèches ou un programme pour restaurer le patrimoine monumental…. .
On se retrouve donc avec un foisonnement d’analyses, d’études, de constats, de propositions, de projets, ….qui, en partie et heureusement, figurent, d’une autre manière, dans « l’enquête » puis ans le « projet de ville » plus ou moins regroupées par thèmes sous forme d’actions qui prévoient pour nombre d’entre elles : de les élargir, de les approfondir, de les développer, de les renforcer… .
– avec des priorités relatives… :
Sorties de leur contexte, on se demande pour beaucoup des actions décrites dans le programme si elles méritent d’y figurer. En effet, au vu de l’intitulé des thèmes prioritaires, on reste sur sa faim quand on détaille le contenu, qui ne correspond guère, en majorité à ce que l’on pourrait attendre.
Certaines actions apparaissent comme des «mesurettes»: faire une étude pour la retransmission des séances du conseil communal ; soutenir une salle spécifique pour les guindailles des étudiants…; ou comme faisant partie naturellement et quotidiennement du rôle des services communaux : démarche collégiale pour réduire la consommation d’énergie dans les bâtiments publics ; entretien et amélioration des espaces verts … ; ou répondant à une préoccupation devenue ordinaire, étant déjà formulées en 2004, 2007 puis reprises en 2012 : poursuivre le réseau de caméras de surveillance ; renforcer le plan piéton ; amplifier les dispositifs contre l’échec scolaire…; ou éternellement en attente : système d’information et de localisation des places de parkings disponibles, déjà cité en 2004 mais qui suppose la collaboration des gestionnaires de 15 parkings privés, alors que ce procédé existe ailleurs comme à Aix La Chapelle depuis plus de 50 ans…); ou ne correspondant pas à des possibilités légales ou réglementaires : ouvrir les marchés publics au commerce équitable et à l’économie sociale, mettre en place un cautionnement des canettes …
Un certain nombre ( un 1/3) cependant sont plus concrètes : obtenir ( d’INTRADEL) la création de 2 recyparks supplémentaires; apport de 500 vélos de plus en attendant le tram ; rénovation de 84 logements sociaux avant plusieurs centaines d’autres ; 8 projets pour rénover, agrandir, créer des infrastructures scolaires ; augmenter le nombres de places de crèches de 185 à 225 ( ce qui n’est pas encore beaucoup )… ou plus neuves : étude d’un service de taxis collectifs de 23h à 6h ; promouvoir un système de voitures partagées ( un concessionnaire a été choisi) ; étude et mise en place d’un wifi urbain gratuit ( déjà réalisé sur toutes les places du centre- ville et à la gare… ) ;faciliter les démarches administratives avec internet ( réduire les 210.000 visites par an aux guichets de l’administration)…
Quoi qu’il en soit, « tout fait eau au même moulin !» ; on ne distingue pas bien l’essentiel de l’accessoire, le prioritaire du secondaire car les termes stratégiques et prioritaires reviennent sans cesse à tout propos sans que ce soit nécessairement déterminant ou indispensable pour atteindre des résultats réellement stratégiques. On ne peut donc que souligner une nouvelle fois un plus grand besoin de hiérarchisation, de sélection et de simplification pour faciliter la compréhension, obtenir l’adhésion de tous les acteurs pour la concrétisation des éléments du projet.
– et une multitude d’opérateurs… :
Précisément, en ce qui concerne ces acteurs, on assiste aussi à la création, au sein de l’administration communale ou en complément aux services existants, d’un grand nombre de cellules (parfois seulement une personne), guichets, services spécifiques ou associations pour assurer l’information, la coordination, la réalisation…
Dans le désordre et sans être exhaustif, il existe: une cellule stratégique, une cellule d’ accueil des investisseurs, une cellule de « gestion centre-ville », une cellule d’audit du parc immobilier, un service communication, un service relations internationales ; « un observatoire liégeois de concertation et de prévention sur les drogues ; un service communal de mobilité ; une cellule de 30 gardiens de la paix ; des cellules de quartier ( avec des médiateurs et des éducateurs de rue) ; un service et des associations d’insertion professionnelle et une « agence locale pour l’emploi » et aussi des relais-emploi et des antennes sociales dans les quartiers ; une cellule d’audit du parc immobilier ; le « centre J » pour tout ce qui concerne les jeunes et aussi des antennes jeunes ; « Liège centre-ville » avec des stewards ; un service « Liège énergie » ; un service de prévention de la violence intrafamiliale ; un manager des nuisances publiques ; un service d’information des séniors ; « Liège propreté » ( dont une cellule TAG de 20 personnes) ; le « point vélo » ( mais aussi une « cellule vélo », une Asbl Provélo et une maison des cyclistes ) ; un chef de prévention de la violence dans les sports et un service fan coaching ( pour le standard…) ; de nombreuses Asbl ( « Agence immobilière sociale » ; « Créasshop » pour donner des primes à certains commerçants ; « culture Liège » ; « visitez Liège »… et d’autres encore résulteront logiquement des études et concertations prônées.
Sans oublier l’existence d’un « office du tourisme » (dont on parle peu) et les supports créés au niveau du CPAS : service d’urgence sociale, relais logement, relais santé, magasin de seconde main, abris de jour et de nuit….et d’autres dispositifs comme un « conseil communal consultatif des enfants », un autre « des jeunes liégeois », et un troisième « des séniors » plus aussi plusieurs commissions consultatives ( pour les femmes, pour les handicapés, le vélo, la mobilité…)
On ne peut donc s’étonner de trouver de nombreuses actions du plan centrées sur des efforts d’information, de consultation et de coordination de différents acteurs internes ou externes à la ville comme : mobilisation des intervenants pour augmenter le nombre de logements publics ; plateforme de coordination des services communaux pour économiser l’énergie ; coordination des dispositifs de prévention, des dispositifs de précarité ; groupe de travail pour une actualisation concertée du plan de transport des marchandises ….
Même si, pour être pratique, il est nécessaire de désigner des responsables chargés spécifiquement de certaines actions et utile d’avoir des interlocuteurs à qui les citoyens peuvent s’adresser en toutes circonstances, cela fait beaucoup de portes d’accès et il n’est pas toujours évident de savoir à laquelle frapper.
– présentés par une information abondante à rendre plus attractive…
Des efforts ont été faits dans ce sens avec la création en 2010 avec des optimalisations successives, d’un site internet (en 4 langues et avec une recherche par mots clés)) qui permet de s’informer largement et de se procurer de nombreux documents adéquats, en tout cas pour ceux qui ont la capacité de le consulter. Ce site est très complet et même surabondant, abordant tous les aspects qui touchent au fonctionnement de la cité (les services, plans, programmes, documents,…) et à la vie des citoyens (habiter, se déplacer, se former, travailler…).Les différents sujets sont présentés sous la forme classique en « accordéon » qui permet d’‘aborder différents chapitres, puis de l’un de ceux-ci approfondir un aspect particulier et ainsi de suite…avec chaque fois des noms, des adresses postales et adresses de messagerie, des liens vers des sites complémentaires ou leurs coordonnées…et l’accès à toute une série de documents administratifs mais encore de moyens d’une information plus détaillée ( plus de 100) : revues, brochures, répertoires, guides, articles… soit généralement à charger sur le site, soit à se procurer pour sous forme papier.
– pour ne pas tuer l’information…
Néanmoins trop d’informations risquent de tuer l’information ! De thème en thème, il y a plus d’ une quarantaine d’onglets sur la page d’accueil, de services en cellules, de programmes en règlements, de textes en textes, on finit par devoir faire tant d’aller et retour pour chercher la réponse à une question que l’on ne sait plus où on est…au risque de se décourager et arrêter sa recherche. Car ici aussi le principal côtoie l’accessoire sans que ce soit toujours évident dans l’intitulé. Et ce d’autant plus que l’on se trouve devant des textes d’explications, parfois très longs et trop administratifs. On dispose néanmoins du moyen de clarifier ou approfondir un sujet par une question par internet, une communication téléphonique (si on a le courage d’attendre son tour à la boite vocale..) ou un contact sur place.
Ce site a donc l’avantage d’être un outil interactif au moins équivalent à ce que l’on trouve ailleurs (ce qui n’était pas le cas il y a peu), si pas supérieur sur certains aspects, reprenant beaucoup d’informations de toute nature avec un effort évident de tenue à jour sur les nouveautés, les adaptations, les réalisations, les évènements, l’agenda des manifestations de toute nature ( 653 en 17 rubriques le 12 septembre). Cependant, une enquête sur l’efficacité des sites internet de 73 villes belges et de leurs services en ligne, réalisée par Test-Achats ( juin 2016) place Liège en première place ( avec Louvain ) pour la rapidité avec laquelle on atteint une information mais la situe seulement en quarante troisième position pour l’évaluation générale de la clarté du site et de sa convivialité à l’usage.
La ville pourrait donc faire un pas de plus, compte tenu de la richesse et de l’utilité de cet outil, pour le rendre plus attractif et praticable encore comme l’est par exemple celui de l’Office du tourisme, très moderne et bien réalisé, sans pourtant vouloir adopter le caractère « Bling Bling » de celui-ci qui peut se comprendre par sa cherche d’attractivité vis-à-vis des visiteurs.
– avec une meilleure complémentarité et plus d’organisation…:
La liaison entre tous les programmes et tous les opérateurs pour assurer les complémentarités, les synergies et partenariats n’est certainement pas évidente ; quelques exemples, parmi d’autres, peuvent illustrer les difficultés à surmonter : – Les associations de cyclistes se sont plaintes récemment dans la presse que sur les 130km d’aménagements des rues prévus dans le plan vélo, celui-ci se soldait, après plusieurs années, par un éparpillement de morceaux réalisés dans tous les quartiers ( en fonction d’autres programmes de travaux ) alors qu’ils réclament la réalisation de quelques axes prioritaires en entier ; ils ajoutaient que malgré le bon vouloir d’une « madame Vélo » chargée de la coordination globale du plan mobilité douce, l’aménagement de nouveaux carrefours ne prévoyait rien pour les cyclistes.
– Une autre préoccupation dans les actions prioritaires est la lutte contre le bruit et la cohabitation des riverains avec les animations festives par la création d’une cellule « gestion des évènements » et un vade-mecum à respecter par les organisateurs ; on peut douter que cela rencontre les doléances des riverains de la foire d’octobre, événement au centre de la ville depuis 150 ans ( dépendante du service du commerce qui perçoit plus d’un million de redevances) soumis aux musiques tonitruantes des manèges et aux appels de 180 forains qui attirent environ 1.500.000 visiteurs en se faisant concurrence jusque minuit trente en semaine et 1h30 du matin le week-end pendant 6 semaines ! … suivis par l’installation d’un cirque pendant aussi un mois et demi !
– Les centres commerciaux périphériques Belle-Ile, Cora… s’agrandissent et se modernisent alors que le nombre de cellules commerciales vides au centre-ville s’élargit parallèlement, les emplois créés dans les premiers étant compensés par ceux transférés ou perdus dans les secondes comme le prouve plusieurs études. De plus, la ville est amenée à donner des subventions pour favoriser la reprise ou la location des cellules centrales et de prendre des dispositions pour les masquer entretemps afin de ne pas ternir l’attractivité du centre…
La gestion de la ville est certainement comparable à la conduite d’un porte-avions accompagné de sa flottille de bateaux de protection, d’approvisionnements….le tout devant se manœuvrer avec beaucoup d’anticipation, de précautions, de complémentarité et de coordination…. Rappelons pour illustrer cette évidence que, l’administration se subdivise en une douzaine de grands départements et eux –mêmes en une myriade de services et de cellules , comme on l’a déjà indiqué, parfois regroupés (maison de l’habitat, bureau du commerce, boutique urbaine, …) ou étendus au travers d’une série d’associations ( la maison liégeoise, la régie foncière, le logis social de Liège ,l’agence locale pour l’emploi …en plus de tous ceux déjà cités précédemment. Rien que pour l’enseignement, tous niveaux confondus, on comptabilise 74 écoles ou instituts avec 153 implantations et 2566 enseignants (environ la moitié du total du personnel de la ville) pour un total de près de 25.000 élèves et étudiants (près de 25% du total du territoire de Liège qui est proche de 100.000). En vrac, on peut encore citer 12 mairies de quartier, 5 musées communaux, 34 infrastructures sportives, 5 centres culturels, 18 maisons et centres de jeunes, 4 maisons de séniors, 23 milieux d’accueil de la petite enfance, 14 commissariats….
C’est dire s’il est bien nécessaire de « fixer un cap » comme veut l’être le projet de ville. Il y a manifestement un souci de reprendre en main le choix des orientations et des priorités au niveau central de la ville, du bourgmestre et du collège ( composé des représentants de deux partis politiques qui se partagent les responsabilités), et de leur entourage immédiat, dont précisément la cellule « stratégique », pour rechercher une meilleure cohérence et une plus grande cohésion. C’est ainsi qu’a été créé un comité de suivi des grands projets et des programmes immobiliers majeurs sur le territoire communal ainsi qu’un grand nombre de groupes de travail, de consultation et de coordination.
B. DES DEFIS A EXPLICITER :
1 – Le défi socioéconomique :
– Un niveau d’emploi à améliorer…
L’emploi sur le territoire de la ville n’évolue guère, fluctuant légèrement autour de 105.000 postes (la moitié de l’arrondissement) dont 10% d’indépendants. Il représente 47.5 de taux d’emploi, alors que le taux de demandes d’emplois se situe entre26 et 27 % entre 2010 et 2013 , bien que soient recensées de l’ordre de 11.000 entreprises actives en 2013 ( environ 8% en industrie manufacturière, 10 en construction, 14 en services aux entreprises le reste, 69% en services individuels et collectifs ) avec un solde annuel de création moins les faillites de environ 1000 entreprises de 2011 à 2013 qui compensent seulement les pertes d’emplois constatées par ailleurs.
En réalité, il faut à la fois maintenir le niveau d’emploi actuel, en freinant les disparitions de postes en raison de changements dans les règles d’attribution des marchés ( on n’a jamais connu autant de chantiers à Liège alors que les entreprise et emplois liégeois dans la construction sont en chute vertigineuse !) , dans la concurrence, dans les technologies, dans les habitudes de consommation… et en même temps réussir à en accroître le nombre.
Pour aller dans ce sens, il ne suffit pas, comme dans le plan, d’affirmer qu’il faut « favoriser la création d’emplois et d’activités en assurant l’attractivité du territoire et l’accroissement du niveau de formation », ce qui vrai en général mais se traduit seulement par 3 actions dans l’action prioritaire n°9 « investir en faveur de la formation et de l’emploi » à savoir : augmenter le nombre de places disponibles dans les crèches, intégrer des clauses de commerce équitable et des clauses sociales dans les marchés publics et maintenir et créer des relais emplois dans les quartiers prioritaires, pour les publics défavorisés.
Ce qui est utile mais pas le plus déterminant, et un peu léger comme programme même si on tient compte de l’existence d’une cellule d’accueil d’investisseurs et l’initiative de créer un groupe de travail « investir à Liège » avec les organismes concernés ( SPI, Meusinvest, Forem, Port autonome, Liège Airport..) qui est une bonne base d’appui pour une démarche qui devrait être plus large et plus active vers des investisseurs potentiels, en amont et en aval de l’accueil proprement dit dépassant largement l’information sur des atouts et avantages disponibles, bien faite par ailleurs même si elle n’est pas toujours actuelle.
– avec des initiatives à encourager et amplifier…
Les actions du CPAS pour l’insertion de 500 personnes les moins favorisées annuellement, principalement par des services aux particuliers via le système des titres services sont par contre plus volontaristes et suivies d’effets. On pourrait s’attendre à ce que la ville s’en inspire ainsi que de nombreuses autres initiatives pour créer de l’activité, notamment dans le domaine de l’économie sociale, et les renforce, les prolonge, les multiplie…car on sait que la révolution numérique va créer de nouveaux besoins et engendrer de nouvelles opportunités de travail, notamment dans les services de proximité et ceux qui ont une plus grande utilité sociale. Comme partout, cette révolution numérique et l’évolution des technologies touche tous les secteurs publics et privés ( confer ce qui se passe dans les banques) et obligent en pratique à relever au moins trois défis : celui des emplois et métiers existants qui doivent impérativement évoluer pour subsister ; celui des nouveaux types d’emplois et de métier qui apparaissent à capter pour compenser au moins ceux qui se réduisent et disparaissent et si possible faire mieux ; celui des formations , aussi bien accélérées que permanentes, indispensables pour rencontrer les deux premiers.
En liaison avec les organismes appropriés, (notamment avec les travaux du GRE – Groupement de redéploiement économique- sur les secteurs d’avenir et en réactualisant et approfondissant son « schéma de développement économique » basé sur une étude qui date de 2005 ) la ville doit pouvoir fixer un nombre d’emplois visés maintenant et à 5 et 10 ans, ceux existants aujourd’hui et ceux qui apparaitrons demain, en définissant de quelles natures, dans quels domaines et de quelles façons elle compte s’y prendre pour que ces objectifs se concrétisent. Elle doit pouvoir s’impliquer elle-même avec toutes les structures, et elles sont nombreuses, qui poursuivent les mêmes buts : pour soutenir les entreprises ou initiatives existantes dans certains secteurs, les valoriser, les élargir, les fédérer car la plus grande partie de l’amélioration se fera avec les PME en activité, y compris les toutes petites… ; encourager, faciliter, s’impliquer dans la création d’autres ( les spin-off, sont une filière à suivre à l’Université mais aussi en dehors…) et aussi tenter de manière plus volontariste d’ attirer d’autres activités dans la région en les ciblant prioritairement selon des emplois recherchés en relation avec les atouts et compétences que l’on a et aura à offrir …
– soutenues par un gigantesque effort de formation…
En plus des formations de base à adapter, il faudrait préciser, encourager, orienter, compléter, multiplier…les formations complémentaires et accélérées qui peuvent permettre aux salariés comme aux indépendants de s’adapter. Ainsi, il ne s’agit plus seulement de quelques dizaines ou centaines de personnes ( du public comme du privé) à préparer à l’introduction de nouveaux équipements ou techniques, informatiques ou autres, mais de milliers de personnes à mettre en phase avec les outils d’information et de communication individuels et collectifs qui ne cessent d’évoluer. De la même manière il faut être en mesure de faire acquérir par un grand nombre de jeunes et de demandeurs d’emploi, les compétences et savoir-faire nécessaires (quoi, combien, comment, quand… ?) pour accéder aux métiers et fonctions déjà demandés mais aussi détectés (ceux qui font appel à l’innovation et à la créativité en particulier) comme pouvant encore exister à moyen terme.
Bref, avec d’autres niveaux de pouvoir qui s’en occupent déjà et en complément, la ville devrait aussi avoir un effet d’entraînement, accentuant les partenariats ( multi-réseaux et multi-opérateurs) pour préciser et appliquer un programme mobilisateur avec des actions ciblées dans le contenu et dans le temps qui devraient figurer aussi dans un plan stratégique, car toutes aussi prioritaires, si pas plus pour certaines, que celles relatives à la vie dans les quartiers ou à la mobilité.
– en s’appuyant davantage sur l’Université…
Les appuis dont ville bénéficie ou peut bénéficier de son université, en matière de formation mais aussi de réflexion et d’expertise dans tous les domaines de son fonctionnement comme dans tous les projets qu’elle défend n’apparaît guère. Avoir une Université complète sur son territoire qui rayonne aussi sur le plan national, eu-régional et international (même si elle pourrait faire mieux) est pourtant un atout significatif qui devrait être valorisé au-delà de ce qui est prévu à propos des kots d’étudiants et de l’accueil administratif d’étudiants étrangers et même de l’organisation d’une exposition commune pour le 200eme anniversaire de l’alma mater .
Quitte à avoir une cellule permanente de plus, il serait probablement fort utile de créer une « interface Université- métropole liégeoise » à l’instar de ce qui s’est fait il y a une vingtaine d’année pour « l’interface entreprises-Université ». Au-delà des relations individuelles déjà existantes entre enseignants ou services universitaires avec les édiles ou des services communaux, cet outil permettrait de mieux identifier et élargir les possibilités de collaborations et leurs modalités de réalisation.
2. Le défi de la métropolisation:
– Un niveau d’action à préciser…
Liège, une ville, une métropole de demain… ; des grands projets métropolitains… ; faire de Liège une métropole européenne de référence ; réussir la métropolisation de Liège par un développement territorial harmonisé (objectif stratégique); réalisation d’un schéma de développement au niveau territorial de l’agglomération… ; développer l’image de Liège par la création d’un label à l’échelle de la métropole…, autant d’affirmations que l’on retrouve dans le projet de ville et plusieurs programmes.
Tout le monde semble d’accord sur l’importance d’une métropole, mais pas sur le niveau de population nécessaire pour atteindre un seuil d’efficacité ( on parle de 400.000- référence française- à 600, 750 ou plus d’un million d’habitants) ni de quel territoire il s’agit : tantôt c’est l’agglomération ( avec un comité de suivi ?), tantôt une communauté urbaine, tantôt l’arrondissement de Liège (il existe une association des bourgmestres présidée par celui de Liège qui s’appelle « Liège Métropole »), tantôt la province qui veut renforcer son existence (avec aussi une autre association de trois associations par arrondissement– Liège, Verviers, Huy-Waremme- plus Eupen soit 84 bourgmestres plus les députés provinciaux) qui s’appelle « Liège, Europe Métropole » dont le bourgmestre de Liège est aussi co-président.
C’est ce qui a inspiré au VIF (4) un titre accrocheur « Retour à la Principauté » en page une de couverture, pour un dossier spécial sur Liège. En l’explicitant par « comment Liège veut larguer la Wallonie», il en a fait un titre racoleur pour ceux de ses lecteurs (ils doivent encore être nombreux au centre et au nord du pays…) chez qui subsistent les vieux clichés des liégeois frondeurs, indépendants, jamais contents… en occultant un peu vite que les mêmes ont contribué un peu plus que beaucoup d’autres à faire la régionalisation ( c’est peut-être pour cela ?), même si elle est peut et doit encore évoluer et s’améliorer.
Quoi qu’il en soit, on constate qu’un grand nombre de responsables politiques sont d’accord sur un niveau de « supra-communalité» sans que l’on ait bien défini les matières qui devraient y être traitées, sinon celles qui dépassent leurs moyens actuels ; pour autant ils ne veulent rien perdre de ceux-ci, ni de leur autonomie; au contraire ils veulent obtenir des moyens supplémentaires et une liberté plus grande pour les utiliser.
– Et un pouvoir wallon à convaincre…
C’est ce qu’illustre le dossier du Vif qui montre en même temps que le gouvernement wallon, n’ayant pas encore digéré pleinement ses nouvelles compétences et son organisation, n’est pas prête de sitôt à donner, avec le décret réclamé par les liégeois, plus de pouvoirs et de gestion directe de moyens venant du fédéral à un niveau intermédiaire baptisé de « métropole » entre villes et provinces ou aux provinces elles-mêmes « relookées » . Sur celle-ci on s’interroge sur l’opportunité de les remplacer, ou de les renforcer, pour précisément prendre en charge ce qui deviendrait « supra-communal ». Evidemment, elle pourrait se demander si c’est un bon choix quand la province de Liège, au lieu de consacrer un maximum de moyens à ce niveau intermédiaire, attribue des budgets de type « pays du golfe » à des événements festifs et sportifs , plus rentables électoralement, comme une étape du tour de France, pour la quatrième fois en 8 ans…sous prétextes de retombées économiques jamais démontrées et de rayonnement médiatique pas plus évident !
Qui plus est, le problème ne se pose pas du tout de la même façon dans les autres sous-régions. Certains ( les intéressés ) considèrent que le grand Charleroi a déjà la dimension requise pour prétendre jouer un rôle de métropole sur un axe avec Mons et que Namur pourrait y prétendre aussi par un rayonnement le long de l’axe vers le Luxembourg ( Marche) et Brabant wallon (Louvain la Neuve), la grande entité d’Arlon étant tournée vers le Grand-Duché et celle de Tournai vers Lille ( NB les nouvelles grandes régions françaises comptent une ou deux métropoles alors que la Wallonie en aurait déjà trois…).
Les autres (qui sont en dehors) mettent sur un même plan douze communes qui peuvent prétendre être des villes, opposants, alors que les deux devraient coexister et se renforcer mutuellement, les pôles métropolitains et les pôles urbains. Jusqu’à présent, c’est à une large répartition (pour ne pas dire dispersion) sur ces derniers que l’on a procédé. Ainsi, on ne parle plus de bassins d’emplois mais de zones ou pôles d’emplois (qui sont même devenues parfois des communes d’emplois !) Pour s’en convaincre, Il suffit de regarder sur la carte de Wallonie, le nombre et les endroits de création de zonings, parc d’activités, centres d’accueil d’entreprises … Ainsi, en province de Liège qui compte 84 communes on comptabilise 54 parcs d’activités économiques pour plus d’une quarantaine de communes, plus 12 espace entreprises et aussi une quarantaine de bâtiments relais aussi répartis géographiquement. On pourrait aussi commenter d’autres exemples comme les implantations de centres commerciaux. Il suffit de traverser la ville de Marche, avec une zone commerciale à l’entrée et une seconde à la sortie, pour se rendre compte que toute la clientèle du Condroz namurois et bien au-delà, n’a plus besoin de se rendre à Liège ou Namur pour des emplettes, quel que soit le domaine.
Parallèlement c’est à un mouvement de recentralisation à Namur, du pouvoir législatif, exécutif mais aussi administratif que l’on a assisté, de plus en plus vraie capitale régionale, le titre de capitale économique pour Liège devenant de plus en plus un symbole, même si quelques institutions y ont leur siège (pour combien de temps encore ?) , tout comme Charleroi pour le social, Mons pour le culturel ou Verviers pour l’eau…
– Un premier train raté … :
En fait, les liégeois ont raté le « premier train de la métropolisation » dans les années 75/85, au moment où ils disposaient d’atouts à renforcer et faire valoir qui leur auraient permis d’atteindre ce niveau (voir les travaux du colloque de la Jeune Chambre Economique sur « Liège en l’an 2.000 »).
Aujourd’hui, de toute façon, le poids politique, économique, social, académique… des liégeois c’est-à-dire ce qui constitue les principales caractéristiques d’une métropole, n’étant plus et pas encore revenu ce qu’il était, leurs avis, voire revendications, ne sont pas incontournables. Raisons de plus pour certains de ne pas les renforcer… Remarquons que le bourgmestre de Charleroi comme celui de Namur, occupant les deux premiers postes de l’exécutif wallon sont en plus grande capacité de progresser vers leur « métropolisation, sans le dire…et sans décret ou autre dispositif !.
Pour les liégeois il s’agit davantage de retrouver un meilleur équilibre avec Charleroi (et le Hainaut) qui a mieux profité de la régionalisation pour rattraper et dépasser Liège sur bien des aspects. Le principe connu dès sa mise en place était que rien ne pouvait se réaliser à Liège, si l’équivalent n’était pas développé dans le Hainaut, en même temps et si possible avant. Fort bien et normal mais depuis un certain temps, c’est l’inverse qui devrait devenir la norme, ce à quoi s’emploient, quand ils en ont la capacité, certains de nos représentants politiques.
Les mêmes responsables de la région wallonne sont d’autant moins tentés de suivre les liégeois qu’ils perçoivent que, sur place, derrière une unité de façade vis-à-vis d’eux, s’expriment encore des intérêts et ambitions divergentes entre arrondissements et entre diverses grandes communes quant à l’attribution des subventions, plusieurs voulant aussi développer des « espaces appelés métropolitains au lieu de urbains » et ne voulant pas dépendre d’une autre pouvoir avec un seul parti dominant .
– Un second à préparer de manière pragmatique… :
Pour ne pas rater le suivant, en attendant que les positions des uns et des autres évoluent, il serait certainement plus efficace de situer le problème non pas en terme de territoire et de pouvoirs directs définis par décret, mais bien en terme de capacité de se mobiliser entre liégeois. Ce qui leur a pas trop mal réussi ces dernières années, pour les moyens à obtenir, devrait se poursuivre pour des actions et des projets qui renforcent le caractère métropolitain, c’est-à-dire ceux qui concernent plusieurs communes ou entités géographiques, compte tenu de leurs implications et retombées pour celles-ci. Cela pourrait se situer suivants les sujets et les enjeux, au niveau d’un groupe de communes, tantôt au sein d’une agglomération ou d’un arrondissement ou d’une communauté, ou de la province ou aussi d’une vallée, ou d’une voie de transport, ou d’une frontière…
Rien ne devrait donc empêcher les liégeois de poursuivre leur progression sur la voie de la métropolisation, même si c’est à « vitesse ou géométrie variables », par une multiplication des réalisations en utilisant différentes méthodes comme celle de constituer des « associations momentanées de communes » (et non de bourgmestres), comme il y en a dans la construction pour les gros chantiers, sans pour autant créer de nouvelles structures. Ils l’ont déjà fait précédemment au moyen d’intercommunales pour des services collectifs permanents. Des missions particulières, limitées dans le temps, pourraient peut-être être confiées à celles-ci dans certains domaines.
– avec Liège et ses voisines qui développent des projets communs …:
Cependant, avoir « Liège métropole » et « Liège, Europe métropole», c’est une appellation et une dimension de trop qui ne peut que semer la confusion (seule une partie des liégeois pourraient comprendre) et entre lesquelles il faudra bien choisir. Pour ce faire, il faudrait aussi tenir compte d’un autre niveau si Liège veut avoir une référence européenne: c’est celui de « l’Euro-pole avec Maastricht et Aachen » qui si elle ne prend garde se fera sans elle entre les deux autres villes frontalières (Voir ci-après internationalisation) Il vaudrait donc mieux ne pas mélanger les actions supra-communales dans la province et les initiatives qui impliquent la ville et son hinterland.
Un exemple est l’initiative prise par le GRE, déjà il y a neuf ans, de présenter de plus en plus de projets liégeois dans un très grand salon international de l’immobilier à Cannes (MIPIM), considéré comme « La Mecque des investisseurs ». Cette année, sur un stand commun et dans des réunions spécifiques ce sont les 17 plus grands projets liégeois, soit quelque 3 milliards d’euros à investir, portés par Liège, Seraing, Herstal, Oupeye, plus l’aéroport et le port autonome qui ont été mis en évidence. Participations qui devraient certainement s’élargir à l’avenir.
Nul doute que d’autres opérations groupées pourraient être menées sous l’étiquette « LièGETogether » ou une autre adoptée par tous, que ce soit ici ou à l’étranger, pour l’aménagement du territoire, les transports, la recherche, le tourisme…. l’opérateur qui rassemble pouvant être Liège ou une autre commune ou plusieurs, le GRE ou une autre structure ou association…sans attendre que tout le monde soit d’accord et participe.
Ainsi, la ville de Liège pourrait s’associer avec les trois communes concernées par la « transurbaine » (voir ci-après) pour faire avancer ce projet ? Ainsi pour des projets métropolitains autres que ceux de la ville ; celle-ci et d’autres communes ne devraient-elles pas s’impliquer davantage pour soutenir des projets comme CAREX- fret avion-tgv à Bierset ou le Cristal Park à Seraing… ? Ainsi pour une recherche de complémentarités, voire une action concertée, entre le projet « Gastromania à Seraing », site d’accueil et de commercialisation de tout ce qui concerne l’alimentation et la restauration avec la zone agroalimentaire qui est en gestation à Bressoux? ….
Il ne faudrait pas oublier aussi de renforcer la coopération de l’axe Liège-Verviers (ce qui s’est fait par exemple pour les hôpitaux), sachant que Waremme est déjà centré sur Liège, alors que Huy l’est davantage vers Namur et Eupen (en plus d’appartenir à une autre communauté et bientôt peut-être à une autre région) est déjà plus proche d’Aachen.
– Liège pouvant jouer un rôle de locomotive…
L’ambition de la ville d’être au cœur d’une métropole représentative est compréhensible mais on ne voit donc pas dans ses programmes actuels le rôle de locomotive qu’elle voudrait jouer, en tant que noyau central. Bien sûr les citoyens de « la » métropole, quelle que soient ses limites, bénéficie déjà des services que représentent une partie ( celle dont elle est responsable ) des infrastructures et services collectifs ainsi que des équipements et activités de formation, de culture, de sports, de santé, de commercialisation… que l’on trouve sur son territoire, mais au travers des mécanismes de répartition et de subsides, elle n’est pas la seule à en assumer les dépenses d’investissements ni de fonctionnement. Et donc, pour pasticher un homme célèbre, la question n’est pas seulement de savoir ce que la métropole peut apporter à Liège mais aussi ce que Liège peut apporter en plus à la métropole, c’est à dire à ses composantes. Il n’est donc pas du tout évident, que les deux actions prévues dans le projet de ville : mieux faire connaître Liège aux habitants de la « métropole » (comme touristes d’un jour) et organiser des évènements variés (comme le festival « Métamorphoses », plusieurs fêtes organisées dans plusieurs communes et considéré comme un « événement phare », ou une quinzaine de la bière ou encore une course à pied de 15 km …) sous l’étiquette « LIEGE TOGETHER » seront suffisantes pour assurer, comme c’est affirmé, « un effet d’adhésion, de rassemblement et de cohésion entre les différents acteurs majeurs ( c’est qui ?) et les citoyens de la métropole ».
– en particulier avec les grands projets métropolitains…
Les 12 grands projets cités, réellement « métropolitains » ou non, ne sont que très partiellement présentés et ce en dehors des actions prioritaires, bien qu’ils constituent de fait la partie la plus importante du plan. Au-delà d’une définition sommaire, on ne trouve des détails sur leur contenu réel et un programme pour leur préparation et en partie pour leur exécution, que sur quatre d’entre eux, non dans le plan mais sur le site de la ville : le tram (en attente de continuation), la Boverie (terminé), Bavière (à recommencer avec un nouvel auteur de projet) et la cité administrative zéro carbone, (en cours pour en faire un « témoin de l’innovation ! ».
comme la foire internationale…
Reconstruire de nouvelles infrastructures pour celle-ci est certainement nécessaire mais encore faut-il qu’elle dispose cette fois d’une partie suffisante et indispensable pour des grandes conférences, cérémonies d’inauguration et de réceptions et séminaires ((indépendamment du palais des congrès) et qu’elle n’ait pas d’ « international » que le nom, ce qui est le cas depuis une cinquantaine d’années
Pendant cette période, avec « Synexpo » dans le cadre de Synergium rencontre Japon-Europe en 1983 et « Coil Coating Europe » en 1985 des organisateurs extérieurs ont démontré qu’il était possible à Liège d’avoir un grand succès d’audience internationale avec des évènements spécialisés (aussi bien que pour de grandes expositions de peinture). Ce qui n’a pas empêché les responsables de la foire de se conforter dans leurs habitudes et de louer leurs installations pour des manifestations locales (sur les vacances, la jardinerie, l’alimentation et l’équipement ses ménages, le bâtiment) que l’on retrouve dans 7 ou 8 villes wallonnes ou voisines qui ont un parc d’expositions (Marche, Namur, Charleroi, Tournai…comme à Maastricht ou Aachen.).
Il faut non seulement que les équipements soient de niveau international, équivalent au moins à ce qu’on trouve dans d’autres métropoles équivalentes, ( et dans l’Eurégio ») mais aussi que, en plus de manifestations locales et régionales, la foire accueille annuellement au moins un ou deux évènements spécialisés réellement de portée nationale et internationale (pensons à la foire des antiquités à Maastricht ou à la foire agricole de Libramont ou il y a quelques années « Flanders Technology » à Gand…) Ce qui n’est pas évident et facile, compte tenu de l’évolution du rôle des foires et expositions en raison des moyens de communication et d’information par internet entre exposant potentiel et client, mais aussi du calendrier européen qui couvres depuis longtemps pratiquement tous les domaines d’activités. Plusieurs pistes pourraient cependant être investiguées, comme les rencontres thématiques entre le sud et le nord de l’Europe, des collaborations et partenariats ( comme avec LE LOUVRE pour la Boverie) avec des grands sites d’exposition au calendrier très chargé (Paris, Düsseldorf, Bruxelles, Munich…) pour des prolongements ou décentralisations ou tournantes une année sur deux … ou encore pour attirer certaines des expositions ponctuelles itinérantes qui tournent sur tous les pays européens et pas nécessairement dans les capitales ( pensons à celle sur Tout ankh Amon )…
et des parcs d’activités économiques….
Compte tenu de leur importance pour rencontrer le « défi socio-économique » l’aménagement des 7 parcs préconisés mériterait un développement circonstancié au-delà de celui du Val-Benoit que l’on trouve dans un plan présenté par la SPI en 2011, bien que le site fut libre depuis 2005 et dont une première phase, la transformation du bâtiment du génie civil, vient d’être terminée.
L’intention de créer des parcs thématiques, à savoir pour les entreprises du secteur de la santé autour de l’hôpital universitaire (CHU au Sart Tilman, en plus de GIGA ? ) et du nouveau complexe du CHC ( St Joseph et ses satellites) à Glain ou encore pour développer un pôle agro-alimentaire dans la zone de Bressoux ( où se trouve l’abattoir avec plus de 2.000 acheteurs par semaine ) est plus qu’intéressante mais rien n’indique comment ces idées pourraient se concrétiser.
3. Le défi de l’internationalisation :
Cette nécessité est également identifiée par la ville et son importance est soulignée par l’enquête citoyenne (placé en objectif prioritaire 13 sur 15) ; il n’ n’est pas non plus l’objet de suffisamment d’actions (6) et elles sont trop imprécises : développer l’image de marque, organiser de grands évènements, promouvoir Liège à l’étranger, obtenir un label UNESCO et européen pour le patrimoine, simplifier l’accueil des étudiants étrangers. Sauf une qui est l’amélioration de la communication avec les touristes ( 35.000 visites à l’office du tourisme en 2014, en majorité pour les visites guidées car situé hors du centre proprement dit) en utilisant les nouvelles technologies : bornes interactives à la gare et autres lieux d’accueil, applications pour tablettes et Smartphones en plusieurs langues comme « balades liégeoises » (visites commentées, qui existe déjà …)
Liège est déjà satisfaite d’être la première destination wallonne en terme de nuitées, environ 400.000 par an; c’est appréciable mais par rapport à environ 2.900 lits (de toutes natures) disponibles – 2.130 en 2007-, cela représente une moyenne annuelle d’occupation de 36%, même si il y a évidemment des pics de saturation à certains moments et que c’est davantage le cas pour certaines formes de logement. Il y a donc encore de la capacité disponible à plusieurs périodes de l’année pour laquelle on peut cibler différentes formes de tourismes qui y correspondent sans se focaliser uniquement sur l’une d’entre elles.
– Le choix d’un label pour mieux rayonner …
« LIEGE TOGETHER » label collectif ou nouvel outil opérationnel spécifique ? Présenté comme le prolongement de la mobilisation pour la candidature de l’expo 2017 il est précisé que son objectif est « d’asseoir la nouvelle image de marque de la métropole liégeoise (laquelle ?) et de dynamiser sa promotion nationale et internationale (au travers de projets fédérateurs) afin de stimuler la créativité, doper la fréquentation touristique et créer des opportunités d’investissements». Il est présenté par le GRE comme un projet (ayant la même adresse mais son propre site) dont il assure la coordination générale et la gestion financière et opérationnelle et qui est soutenu par la ville, la province, l’université, la région wallonne et la loterie nationale. Il s’agirait alors d’un nouveau mode d’’action métropolitain ? Apparemment, ce serait les deux puisque chacun peut télécharger le logo sur le site www.liegetogether.be qui précise « LiegeGETogether adopte une signature renouvelée, qui accompagné de son signe de ralliement, sera celle de tous ceux qui souhaitent incarner la métropole liégeoise ». On ne peut donc que souhaiter que, en plus de la ville qui l’a adopté comme label, cela puisse être aussi le cas d’autres communes ou opérateurs liégeois de la métropole qui l’ajouterait à leur propre identification, même si on ne leur a pas demandé leur avis pour le choisir. Son principal intérêt, pour celui-là comme pour un autre, c’est sa répétition au travers des messages et des actions du plus grand nombre d’acteurs liégeois pour tout ce qui correspond à sa signification au sens large, que ce soit pour le tourisme, la recherche, les expositions, les inaugurations, les investissements industriels et tous les évènements autres que ceux gérés directement par ce nouvel outil susceptible de drainer plus facilement les financements nécessaires à certaines initiatives.
Néanmoins sa signification mériterait d’être clarifiée ; elle est sensée symboliser « trois atouts métropolitains liégeois : la créativité, l’ouverture d’esprit et la connectivité » à propos desquels on ne sait pas ce qu’ils ont de spécifiquement liégeois n’étant pas illustré par des exemples particulièrement probants face à d’autres métropoles qui pourraient certainement faire de même avec d’autres exemples, voire les mêmes. Cependant, son existence et son usage multiple pourrait permettre d’affirmer une volonté de Liège et de sa région de valoriser systématiquement ces trois caractéristiques et de les développer tous azimuts. Ce qui devrait conduire à privilégier des manifestations ou de créer des évènements qui les concernent directement et peuvent avoir réellement une portée nationale et internationale ce qui est davantage le cas – contrairement à des festivités locales – pour un forum consacré à l’amélioration des conditions de vie avec les nouvelles technologies de information et de la communication- LIEGE ICT DAY- ou un palais de la connectivité avec l’Université pour son 200eme anniversaire…
Que ce soit pour cette image de marque ou la promotion d’autres atouts culturels et naturels, Liège veut toucher un grand public dans un rayon de 400 km (les haltes Tgv et 2 heures d’avion), soit pratiquement de Londres à Stuttgart et de Brême à Paris…. Pour y parvenir, il va falloir être effectivement très créatif : l’exposition organisée avec le Louvre pour l’inauguration de la nouvelle Boverie témoigne qu’il y encore de larges progrès potentiels : elle a enregistré 74.000 entrées dont 20 % d’étrangers soit 9% d’allemands, 5% de hollandais, 3,5% de français et 4 d’autres ; les nationaux se répartissent en 50% de wallons ( la moitié de liégeois au sens large), 16.5 % de flamands et 8% de bruxellois. C’est pourtant un très bon score comparé à la fréquentation annuelle d’environ 100.000 visiteurs- près de 60% gratuits- pour tous les musées liégeois dont le Grand Curtius qui plafonne à 66.000 visiteurs en 2014, la moitié de ce qui était annoncé lors de son lancement !
– en commençant par le niveau eu-régional… :
La dimension eu-régionale a certainement joué pour la participation de nos deux pays limitrophes à cette exposition. Mais faire de la promotion sur les tv locales pour les évènements liégeois, comme prévu pour des nocturnes commerciales (autre action du projet), ne suffit certainement pas. Il est étonnant de constater, en passant, que le seul déplacement effectué par l’office de tourisme en 2014 fut pour Bruges parmi une présence wallonne !
Cette dimension transfrontalière est importante et il faut souligner la création récente d’un programme de travail pour renforcer la collaboration entre les trois « métropoles » de l’EUREGIO, Maastricht, Aix-la-Chapelle et Liège, afin d’optimaliser l’attractivité de cette région et son rayonnement international.
Mais faire de la publicité groupée, même en se déplaçant à l’étranger, et se limiter au tourisme sera bien insuffisant pour faire exister une « euro-pole » dans laquelle Liège est en retard par rapport à l’axe Maastricht-Aachen qui fonctionne déjà dans cette dimension, profitant d’une plus grande proximité culturelle et géographique et mêmes économiques avec des projets communs comme un aéroport qui s’appelle « Maastricht Aachen Airport». Il faut y ajouter le lien et l’osmose qui existe, pour le logement, le travail, le commerce…entre Hasselt et Tongres avec Maastricht d’une part et entre Eupen et toute la région germanophone et Aachen d’autre part. L’actualité récente en témoigne quand, en même temps, les responsables de ces régions s’élèvent contre la remise en fonction du réacteur de Tihange 3 (en plus du Grand-Duché de Luxembourg) sans émouvoir le moins du monde les liégeois, qui ne sont qu’à mi–chemin, rassurés peut-être par leur présence dans des sociétés de distribution d’électricité !
Cette réalité est vécue depuis une quinzaine d’année dans les programmes européens INTERREG pour l’Eurégio-Meuse-Rhin : le siège est à Maastricht et ce sont les allemands qui pilotent l’essentiel des opérations. Bien entendu, il existe des collaborations pour des cours universitaires partagés (en anglais) entre plusieurs grandes écoles par exemple et des séminaires ou colloques en commun sans parler des efforts d’attractivité de l’Opéra royal avec des traductions lors des grandes productions.
On pourrait aussi envisager bien d’autres initiatives dans le domaine du tourisme évidemment avec des minitrips ou voyages spécialisés pour certains publics, européens, asiatiques… organisés dans les trois régions ; des participations croisées à des évènements locaux sur un thème comme la foire des antiquités ou une exposition de peinture… mais aussi des foires ou des congrès partagés ou tournants, sans oublier tout ce qui est relatif à la santé, aux relations scientifiques et aux formations .
– avec un effort considérable pour la maîtrise des langues… :
Cependant, pour bénéficier pleinement de retombées potentielles, que ce soit par son action propre ou en groupe, Liège souffre d’un déficit majeur dans la maîtrise des langues par rapport à ses voisines.
On a vu qu’il y avait des programmes et des plans de toute nature, y compris pour le parking mais pas de plan pour les langues ! Pourtant, on cite comme témoignage d’une ouverture d’esprit, que la population étrangère de la ville est originaire de 160 pays ! Il faut évidemment poursuivre et amplifier les classes d’immersion en langues comme prévu par une autre action du projet mais encore privilégier leur apprentissage par tous les élèves et étudiants ( cours en une autre langue, organisation de concours, attribution de bourses…) Mais il faut surtout agir massivement à court terme vis-à-vis du plus grand nombre possible d’ agents d’accueil au sens large : pas seulement dans les musées, centres culturels, sportifs et récréatifs mais encore dans la rue ( police et gardiens de la paix ) les transports en commun, les taxis, les hôtels, les restaurants, les commerces et manifestations commerciales comme la batte ( 300 échoppes ) ou le village de Noël…. En multipliant les moyens d’apprentissage ( cours accélérés gratuits, tables de conversation,…) mais aussi en inventant des formules intermédiaires comme des traducteurs bénévoles- étudiants, retraités, étrangers à Liège- reconnaissables dans les manifestations, voire dans la rue, une personne de référence à appeler dans les magasins ou centres importants… ou encore des signes de reconnaissance comme des labels aux entrées, sur les devantures et des insignes individuels indiquant les langues pratiquées par les interlocuteurs ….
3. Le défi de la mobilité et du développement territorial:
– Une étude à remettre sur le métier Etonnamment, en dehors du tram, la ville occulte l’essentiel (sauf un bref aperçu sur son site) d’une étude réalisée en 2011 à laquelle elle a collaboré avec le GRE qui s’intitule « LA TRANSURBAINE ». En très bref, celle-ci propose l’organisation du développement de la ville et de sa proche agglomération selon deux axes principaux, celui du fonds de la vallée et un second allant d’Ans à Chênée.Certes plusieurs objectifs affirmés dans l’étude se retrouvent aussi dans le projet de ville ou d’autres plans (densifier le centre de l’agglomération, avoir un renouveau urbain durable, privilégier des parcs d’activités par thèmes, créer des parkings relais, augmenter l’usage du vélo…) mais d’autres y auraient leur place: avoir un effet de structuration urbaine en passant par les quartiers ; faciliter l’accès au centre à partir des 10 gares SNCB ; favoriser la dynamique de reconversion par une desserte des sites où se développent ou peuvent se développer des projets ; connecter les pôles métropolitains ( la gare tgv, l’Université, les centres hospitaliers sportifs et culturels…) ; permettre de connecter les quartiers entre eux sans passer par le centre…Mais ce qui est nouveau, en plus des éléments précédents et de leurs répercussions sur la manière de réaliser le tram, comme le précise URBAGORA dans son analyse de cette étude (5), c’est la mise en évidence de ce qui est appelé le « croissant d’or » (Saint-Nicolas, Bonne Fortune, Gare d’ans) « qui envisage sur une grande échelle de favoriser la création de nouveaux quartiers urbains, denses, mixtes et qualitatifs… ainsi qu’ une logique de maillage et de complémentarité entre modes de transports mis en réseau ».Il est regrettable effectivement, comme le souligne encore l’auteur de l’analyse, François SCHREUER, que cette étude, et d’autres peut-être, n’aient pas servi pour revendiquer pour la période 2017-2022, faisant suite à la concrétisation du tram , la programmation financière par la région wallonne de la réalisation d’au moins un premier tronçon dans la partie nord de l’axe 2, soit la liaison depuis la gare d’Ans jusqu’au centre en passant par le croissant d’or et en même temps par le nouveau CHC Liaison utile à 4 communes, Ans, Saint-Nicolas et Grâce-Hollogne, en plus de Liège et qui serait un bel exemple de partenariat pour un vrai projet métropolitain. Bien entendu, la priorité a été donnée au tram mais les retards enregistrés dans sa finalisation, comme le changement de ses modalités de financement risquent de repousser bien au-delà de 2022 la prise en compte de toute autre infrastructure, au détriment finalement de la part des budgets qui auraient du être affectée aux liégeois sur la période.- sans oublier d’autres liaisons et équipements à promouvoir :Raison de plus pour ne pas attendre davantage pour approfondir les propositions existantes, que ce soit pour cette liaison ou d’autres aussi en suspens également, comme la liaison avec le CHU et le campus du Sart-Tilman ( par exemple par un métro léger automatisé proposé par Jean ENGLENERT (6) ou celle avec l’hôpital de la citadelle ( par un téléphérique comme le prône URBAGORA) … et de déposer, si ce n’est déjà fait, les dossiers adéquats pour s’inscrire suffisamment tôt dans les plans régionaux.En ce qui concerne la « mobilité douce » l’usage du vélo et la marche à pied sont bien intégrées dans les programmes mais on semble ignorer l’existence dans d’autres villes de modes de déplacement urbains légers ( voir aussi les articles et dossiers de Jean ENGLEBERT sur ce sujet) comme des petits réseaux de cabines autonomes, des liaisons en navettes gratuites certaines devenues aujourd’hui sans chauffeurs ( Lyon) ou plus simplement des tapis roulants qui sont sortis des aéroports depuis un moment…On peut cependant se réjouir, en même temps que de s’étonner, que ce soit deux étudiants de HEC, via la création d’une mini-entreprise, qui aient obtenu de pouvoir expérimenter une portion de trottoir roulant en centre-ville et que cet été, l’Office de Tourisme ait aussi expérimenté une navette fluviale, prolongée vu son succès ( et rééditée pour les fêtes de Noël) , entre le Grand Curtius et la Boverie avec une halte pour le centre urbain. On ne peut qu’espérer que ce sera le début d’une démarche à amplifier dans les prochains plans…
4. Vers un vrai plan stratégique :
– Passer d’un plan de communication…
La ville présente donc sa démarche comme « un pilotage moderne et efficace des politiques de la ville » pour laquelle elle fait figure de pionnière. C’est peut-être vrai et de toute façon c’est le signe d’une amélioration dans la gestion de la ville et dans ses résultats. Il est indéniable que depuis une dizaine d’années, la ville s’est remise progressivement à bouger, se rénove, s’équipe, se modernise…tous les projets terminés ou en cours évoqués plus hauts en témoignent .On pourrait encore y ajouter, la rénovation des quais de Wallonie, la Médiacité, la piscine Jonfosse, le quartier de Droixhe… de-même que toutes les actions, prioritaires ou non qui ont déjà été finalisées, sont encore préconisées ou en phase d’application.
Mais il serait présomptueux de penser, comme certains voudraient le faire croire, que la reconversion est réalisée. Les progrès sont réels mais ils sont encore trop faibles et à améliorer dans plusieurs domaines et surtout ils sont trop lents. Face à l’évolution de l’environnement international, belge, wallon, eu-régional, face à la compétition, il faut accélérer, aller plus vite que d’autres tout en faisant mieux.
Or, le « projet de ville » tel qu’il existe est insuffisant. Il reste un outil d’information et de communication interne et externe, voire de recherche de coordination, sur des perspectives de développement des fonctions de la ville, parfois à court terme, souvent à moyen ou long termes, l’horizon de 2022 n’entraînant d’ailleurs aucun engagement particulier et laissant suffisamment de temps pour qu’on puisse espérer qu’un grand nombre d’actions prévues aient trouvés une concrétisation d’ici là.
Il ne suffit pas d’affirmer avoir « des grands objectifs déterminés, des actions prioritaires adoptées et des projets d’investissements projetés au service du développement d’une vision de la ville et de l’épanouissement de ses habitants » pour que l’on puisse parler d’un véritable plan stratégique, contrairement à ce qui est déclaré.
– au choix d’une vision de la ville…
En premier lieu parce on ne sait pas avec précision ce qu’est justement la « vision » que l’on propose pour la VILLE DE LIEGE EN TANT QUE METROPOLE dans 10 ou 20 ans ou plus… ». Ce sont les objectifs stratégiques qui ont été plus ou moins choisis qui traduisent la vision de la ville. Or c’est l’inverse qui devrait être pratiqué, une vision déterminée permettant d’en déduire les objectifs essentiels à poursuivre et les actions prioritaires qui permettront de progresser dans la voie recherchée.
Quelle vision ? L’ambition d’améliorer les conditions de vie des habitants est louable mais très certainement celle de toutes les communes, des plus grandes villes aux plus petits villages et n’est en rien spécifique à Liège. Il en est de même en ce qui concerne « faire de Liège une Métropole européenne de référence » (voir aussi plus haut) ce que peuvent revendiquer des dizaines de villes équivalentes. On ne sait d’ailleurs pas de quelle référence il est question ! On n’en sait pas davantage sur ce que signifierait concrètement « faire partie des villes intelligentes de demain » ! La question reste donc ouverte…
En deuxième lieu parce que les objectifs stratégiques qui précisent cette vision doivent être définis suffisamment de manière qualitative mais aussi de manière quantitative. On trouve sur le site de la ville ce qu’elle appelle un « tableau de bord – Liège en chiffres- dits « stratégiques » qui est en fait une évolution statistique, avec 2 ou trois ans de retard, dans différents domaines comme la population, l’emploi, le nombre de voitures par habitants, le nombre d’utilisateurs des TEC …., sans être reliés explicitement au plan d’action.
Le tableau de bord d’un plan « stratégique » ne peut être seulement une constatation générale à postériori ; les résultats atteints doivent pouvoir se comparer aux objectifs chiffrés fixés pour chacune des actions prioritaires et de leurs prolongements ; analyse qui permettra de les faire évoluer au fil du temps.
– et à un programme détaillé mobilisateur et contraignant… :
En troisième lieu, pour que le plan global soit volontariste et mobilisateur, il faut encore qu’il soit négocié avec toutes les parties mais aussi contraignant. Les grands objectifs, décrits et quantifiés, à long terme doivent être subdivisés en plans d’action à 5 ans ( ou3) au niveau des différents opérateurs, départements ou services, avec aussi des buts précis et chiffrés et ensuite traduits dans un programme de mise en œuvre annuel avec des allocation de ressources et l’accès aux investissements nécessaires. Il faut enfin, qu’une évaluation régulière soit prévue et réalisée, induisant des corrections, des compléments ou des modifications d’objectifs, de méthodes ou de trajectoires.
De grands progrès sont donc à réaliser pour compléter un « projet de ville » à long terme par un vrai plan stratégique à moyen terme (le CPAS en a bien défini un pour la période 2013/2018) et le rendre le tout plus crédible, plus effectif et plus efficace.
Liège, une ville, un esprit ?
Le choix est vaste et chacun pourra choisir une illustration ou en ajouter une autre en fonction de ses centres d’intérêts et de ses appréciations : un esprit de participation… un esprit de solidarité…un esprit d’accueil…un esprit de rencontre… un esprit de mobilité … un esprit de sécurité…un esprit du bien vivre ensemble….un esprit de services aux citoyens…un esprit écologique…un esprit de la fête… Et encore : un esprit d’ouverture…un esprit de progrès…un esprit de modernité…un esprit du développement économique et social…un esprit d’enrichissement culturel… Mais aussi : un esprit d’anticipation…un esprit de prévision…un esprit de collaboration…un esprit de coordination… un esprit de partenariat…un esprit de gestion…un esprit d’organisation…un esprit d’action…. Un esprit de rayonnement local, régional, national et international…
Bref, ce que l’on pourrait effectivement appeler « un projet pour une ville qui devient intelligente » !
- Projet de ville 2012-20022 PDF 93 pages de mai 2013, résultat final de la démarche d’élaboration ; un résumé sur Liège.be/projet de ville (la démarche, résultats globaux de l’enquête, les 5 tendances, les défis ou objectifs stratégiques, les 12 projets métropolitains et les 15 actions prioritaires retenues)
- Analyse des commentaires des citoyens sur le projet de ville (résultats détaillés de l’enquête citoyenne du 7 mars au 7 avril 2013) PDF 115 pages
- Brochure « Participez à l’avenir de la ville » (évaluation du projet de ville en cours depuis 2003 et 2007, objectifs stratégiques, les grands projets 2007-2015, les 12 projets métropolitains, le questionnaire d’enquête) PDF 48 pages
- Le Vif, l’Express du 28 octobre, dossier spécial sur Liège
- Les enseignements de la « transurbaine » par François SCHEUER jeudi 8 décembre 2011 www.urbagora.be
- Jean ENGLEBERT, « Mieux desservir le domaine du sart tilman », « A propos d’une future ligne de tramways dans l’agglomération liégeoise », voir sur le site du LEM Ulg