La Jeune Chambre Economique de Liège / JCI Liège
Bienvenue sur ce site qui retrace quelques idées et actions de la Jeune Chambre Economique de Liège, devenue depuis JCI Liège (voyez aussi cette adresse).
1 Une ONG avant la lettre
La Jeune Chambre Economique de Liège a été une des premières initiatives locales rassemblant des « jeunes responsables de l’économie » au service de leur ville. Elle peut être comparée aux Organisations Non Gouvernementales qui animent aujourd’hui la vie politique au sens large avec leurs idées et leurs propositions.
Fondée en 1949 comme Section Junior de la Chambre de Commerce de Liège, elle devient en 1957 la Jeune Chambre Economique de Liège, reconnue aux niveaux belge, européen et international par le mouvement Jeune Chambre Internationale (JCI) qui rassemble des jeunes de moins de 40 ans de nombreux pays. A Liège, elle s’intéresse alors notamment au développement de liaisons aériennes par hélicoptère à Liège (dont demeure l’héliport) et organise un congrès européen en 1956 qui aboutit à la création de l’Institut Européen d’Administration des Affaires (Jean- Claude Tunon, Président du Conseil Européen de la JCE, 1959).
En 1964, Léo Wéry accède à la présidence de la JCEL et élargit les objectifs de l’association en s’entourant d’une équipe qui va s’engager dans « la promotion de Liège, métropole régionale » (1964 – 1974). On y compte de futurs ministres, professeurs d’université et dirigeants d’entreprises. Liège possède à l’époque un statut officieux de troisième ville du pays, accueille l’unique université d’état francophone et a gardé le sièges de plusieurs entreprises importantes. Les « jeunes cadres » y sont nombreux et se soucient de l’avenir de leur région en plein débat (les évènements de 1960 ne sont pas loin) .
La Jeune Chambre ne fait de politique qu’en dehors des partis mais elle propose ses idées à ceux qui veulent l’entendre. « Notre Jeune Chambre tient à un haut niveau le rang de la jeune génération dans la vie régionale (mai 1968 approche) … Nos idées en matière de développement économique, de politique des transports et d’aménagement du territoire, de localisation d’industries nouvelles, d’urbanisme et d’architecture … gagnent du terrain de jour en jour ». Ces conclusions de Léo Wéry resteront la base des activités de ses successeurs, Edouard Goffin, Jacques Hansenne, Henri Gilissen…
La Charte de la JCEL adoptée en 1968 demande un urbanisme, un aménagement du territoire et des institutions qui feront de Liège une métropole ainsi qu’une animation et une relance économique, en particulier par le développement systématique du potentiel intellectuel et scientifique de la région.
Faire de Liège une métropole
En 1974, Joseph Ninane résume les principes qui ont guidé les dix premières années de promotion de Liège, métropole régionale tirés des enseignements du colloque « Liège en l’an 2000 »:
-considérer la ville et son agglomération comme entités complémentaires et indissociables pour sa son aménagement et sa promotion ;
– lui donner des structures et infrastructures nécessaires à son expansion pour en faire un centre de décisions et valoriser ses activités par une politique extérieure ;
– faire du développement de la métropole sous tous ses aspects un projet et à long terme.
La jeune chambre, école de formation pour l’action de jeunes cadres de tous horizons, est au service de du développement de la cité. Se définissant comme » le poil à gratter du bon sens de l’intérêt général », elle a l’ambition de se faire entendre de décideurs, à tous les niveaux.
La Jeune Chambre poursuit depuis lors ses initiatives, proposant ses idées pour l’avenir de Liège, fidèle à l’esprit de ses fondateurs. On veut ici en rappeler quelques propositions toujours actuelles.
2 Liège métropole
Léo Wéry, alors conseiller au cabinet du Recteur Dubuisson, rencontre le (futur) Professeur Jean Englebert en 1961 aux Ateliers du Sart Tilman. Il présidera la Commission sur l’Avenir du Centre Urbain qui entreprend dès 1962 une analyse systématique des besoins des fonctions qui font de Liège une métropole : habiter, travailler, circuler, se récréer. Elle entend par exemple un directeur du Grand Bazar, qui employait alors 1700 personnes place St Lambert, où la clientèle convergeait en auto, tram, trolleybus ou autobus. La zone de chalandise de Liège dépassait la ville et même la province, expliquait déjà le (futur) Professeur de géographie économique José Sporck. Il faut l’aménager pour y développer l’activité commerciale en fonction du développement automobile mais on parle déjà aussi de réserver de l’espace aux piétons et de préserver le patrimoine. Le centre ville est au cœur des préoccupations face aux « centre commerciaux » périphériques mais on perçoit qu’ils pourraient répondre à des besoins différents.
Il faut voir l’agglomération liégeoise dans son ensemble et se projeter en l’an 2000 pour répondre aux besoins du futur, disait en substance Léo Wéry. Mieux vaut une vision qu’une extrapolation des chiffres du passé, insistait Jean Englebert. La Jeune Chambre était bien placée pour proposer une approche prospective.
Liège en l’An 2000
Léo Wéry, Jean Englebert (voir son témoignage dans ce dossier), Albert Bribosia et André Dombar organisent donc les 6 et 7 novembre 1964 un grand colloque « Liège en l’An 2000 » (400 auditeurs). Inspirés par la Jeune Chambre Economique en France, ils invitent des experts français de l’aménagement du territoire, dont Edgar Pisani, en train de développer les métropoles régionales.
En conclusion des débats, la JCEL demande aux autorités d’élaborer un plan d’ensemble à long terme pour Liège et son agglomération, considérées comme entités complémentaires constitutives d’une véritable métropole régionale, ainsi que de solliciter et mettre en oeuvre les structures et moyens nécessaires au développement de celle-ci. Elle réclame aussi que l’aménagement des infrastructures, activités industrielle, services, habitat et loisirs se réalise selon les modalités d’un urbanisme démocratique et s’accompagne d’une politique de promotion extérieure.
Le colloque et son rapport (Demain nos villes, Desoer, 1964) feront date tant pour la reconnaissance des associations par les décideurs que pour le rayonnement de la Jeune Chambre Economique pour faire valoir une vision à long terme du développement de Liège.
Le Grand Liège collabora dès le début à l’entreprise. Le rapport de son Secrétaire Fernand Piérot souligne les tendances sociales et économiques européennes et mondiales dans lesquelles s’inscrira l’avenir de Liège et auxquelles elle devrait s’adapter en tant que métropole de niveau international (Quand les Liégeois s’occupent de l’an 2000, Bulletin 55, décembre 1964)
Une vision
Certaines de ces propositions sont encore actuelles. Jean Englebert proposait d’utiliser le réseau de chemin de fer à Liège et de construire des logements à proximité des gares. Ses idées trouvent écho aujourd’hui dans les aménagements des quartiers du Longdoz et des Guillemins et la redécouverte du réseau « suburbain» de la SNCB qui pourrait facilement devenir un Réseau Express Liégeois.
Il proposait aussi d’innover en industrialisant l’habitat. Avec Marcel Aldenhoff, la Jeune Chambre organise une journée d’études à la Société d’Etudes et d’Expansion pour promouvoir des constructions métalliques qui auraient ouvert de nouveaux marchés à la sidérurgie: L’acier : réponse aux problèmes du logement? Perspectives liégeoises (Revue 216, Mai-Juin 1965).
3 L’urbanisme
Le groupe l’Equerre, qui réalisera des plans et rapports pour les autorités locales et nationales, a pris part aux discussions à la Jeune Chambre. « Les opérations d’aménagement (sont) étroitement solidaires de l’objectif économique…Il s’agit ni plus ni moins du remodelage d’une agglomération d’une agglomération dont l’expansion fut stimulée par la révolution industrielle du XIX siècle, du développement des équipements et de l’aménagement des zones d’activités de commerce et de services. » (Liège, métropole régionale, L’Equerre, 1967)
Mais l’Echevin Jean Lejeune, voit alors « L’avenir de Liège (par) les travaux publics » (1964) et veut « manifester le dynamisme » de Liège (« Liège du passé à l’avenir », 1976). De son bilan (actif et passif) à la Haussmann, on retiendra ici qu’il voulait amener l’auto au centre de Liège par différentes percées autoroutières. Certaines ont été réalisées (jusqu’au Cadran), d’autres heureusement pas (sur les coteaux de la Citadelle).
La Jeune Chambre refusa « des solutions dépassées au moment de leur réalisation … et la procédure appliquée qui n’assurait pas l’information des citoyens et leur consultation par leurs associations les plus représentatives quant au devenir de leur cadre de vie » (1964-1974, Dix années de promotion de Liège, métropole régionale). Le plan d’aménagement de la place St Lambert a mobilisé de nombreuses associations qui ont publié sous la plume de Michel Hansenne un « Mémorandum sur le Plan Particulier d’Aménagement de la Place St Lambert et ses Abords ».
La « dalle » qui devait initialement couvrir la place a finalement été revue mais des décennies ont été perdues en tergiversations. Les budget sont allés ailleurs et sont devenus rares depuis…
Si la ville a lentement changé de visage, et si des équipements ont été réalisés, beaucoup de recommandations de l’époque restent d’actualité pour faire de Liège une vraie métropole. Avec Jacques Hansenne, futur Doyen de la Faculté de Droit, la Jeune Chambre avait organisé en 1966 un colloque sur le cadre juridique, toujours manquant, de l’aménagement d’une métropole. Francis Quirin reviendra en 1974 sur les équipements à prévoir mais la réformes de l’Etat et la fusion des communes oublieront la métropole liégeoise.
L’ère de la compétition
« Nous venons d’entrer dans l’ère de la compétition inter-villes ( inter-métropoles régionales) , disait déjà Léo Wéry en sortant de charge en 1966.
L’essentiel reste à faire : faire reconnaitre Liège comme métropole régionale. La fusion des communes en 1976 a ignoré cette réalité et la Région wallonne, héritière de l’Etat belge, ne lui reconnait qu’un aléatoire rôle de capitale économique. Même les provinces sont menacées par un nouveau jacobinisme. Seules des associations de communes tentent d’y remédier. Verra t on se créer une communauté urbaine selon l’exemple français donné voici 50 ans ? On peut en douter.
L’exemple des transports publics à Liège est éclairant. Contrairement à toute évidence, une agglomération de 600.000 habitants n’existe pas sur la carte des autoroutes (le « ring » au nord de Liège est obstinément appelé « Bruxelles – Aix la chapelle» par la RTBF) ni pour la SNCB, dont la valorisation du réseau régional autour de la gare TGV attend toujours. Quant au TEC centralisé à Namur, il a du s’y reprendre trois fois pour faire accepter le financement d’un tram par Eurostat alors que le plan Juncker veut promouvoir depuis 2014 les investissements à long terme en Europe. Il manque clairement un centre de décision à Liège pour coordonner une politique de mobilité dans la métropole. Seule la réunion des forces politiques liégeoises y parviendra, comme pour le passage du TGV.
En attendant, la Jeune Chambre a multiplié les initiatives pour promouvoir Liège, en faisant valoir l’attractivité de la ville et de ses institutions auprès de larges publics. Il s’agit dorénavant de convaincre des « marchés » et donc de faire du marketing (voir « City Marketing » dans ce dossier).
Les difficultés croissantes de nombreuses entreprises, limitant les moyens et les ressources, n’a pas aidé mais a confirmé la priorité à donner à l’économie.
4 Promouvoir Liège
La Jeune Chambre a parlé très tôt du « produit Liège » constitué des territoires, infrastructures, institutions et entreprises de la métropole communiquant avec leurs « clients ». L’image globale de Liège et sa communication unifiée vers l’extérieur sont essentielles si on veut faire une promotion efficace de ses activités et imposer sa « marque ».
Avec Jean Luc Meyers, La Jeune Chambre attire l’attention sur le potentiel de développement économique que représente le tourisme, même dans nos régions, dans un programme national de la Jeune Chambre (1971). Elle propose à Liège la mise en place d‘une école de formation de niveau universitaire et international pour les futurs responsables de cette nouvelle industrie, ainsi que d’un syndicat d’initiatives pour définir et appliquer une politique touristique de l’agglomération liégeoise (1972).
La Jeune Chambre s’intéresse aussi à l’accueil d’autres publics : entreprises, institutions. Elle publie « Liège, atouts et ambitions » (1976) mais interroge: « Liège est elle compétitive ? » (1977). Il faut travailler sur l’offre de Liège pour y attirer des investisseurs, des habitants ou des touristes. Elle pourrait mieux tirer profit de son meilleur atout, sa position en Europe, en particulier dans l’Eurégio Meuse Rhin. Des rapports sur l’accueil des entreprises dans les zonings et sur le développement de l’aéroport ont suivi.
Jean Claude Lahaut propose dans cette perspective « City Marketing » comme thème d’un congrès national à Liège en 1978. On y entend Pierre Mauroy, Maire de Lille et futur Premier Ministre et d’autres bourgmestres déjà actifs à promouvoir leurs villes. A qui ? Quoi ? Comment ? se demande t on. A cette occasion, Alain Gourevitch lance le premier « Passeport pour Liège » donnant accès à tous les services de la ville et Patrick Zurstrassen, l’autocollant « Coliège » choisi avec les lecteurs de La Meuse. Le coq en forme de cœur fleurira sur les voitures…
On reparle aujourd’hui de et de marketing « territorial » de la métropole liégeoise. c’est à souligner. Continuons.
5 Nouveaux Produits, nouveaux services
De plus en plus, la Jeune Chambre s’implique pour aider les entreprises à se développer et à s’internationaliser. Elle encourage l’entrepreneuriat et la gestion de la qualité qui étaient alors des concepts nouveaux.
Après l’organisation à Liège en 1973, dans le cadre du mois de la Francité, du premier congrès des Jeunes Chambres utilisant le français dans leurs relations, une commission de la JCEL dirigée par Michel Damman organise avec le support de l’Association Belge des Banques de Liège les premières missions commerciales dans l’Europe qui s’élargit : Grande Bretagne, Espagne…Elle seront prolongées par la création du Club Liégeois des Exportateurs qui organisera près d’une cinquantaine de missions pour les entreprises de notre région dans le monde entier.
Avec Alain Pietteur, la Jeune Chambre, soutenue par la section liégeoise de l’Union Wallonne des Entreprises , l’Association Belge des Banques de Liège et la Société d’Etudes et d’Expansion, invente le « Challenge Entreprendre » concours entre écoles secondaires qui propose aux jeunes d’apprendre à créer, gérer , financer et développer concrètement des activités économiques sous la forme de jeunes entreprises (1978). C’était les prémices d’un mouvement de sensibilisation des jeunes qui sera développé dans toute la Wallonie sous le « Junior Entreprises ».
A l’époque des grands évènements célébrant les nouvelles technologies, la Jeune Chambre invite à Liège un congrès européen où elle veut illustrer les communications du futur (1987). C’était sans doute trop tôt et la Jeune Chambre se retrouvera bien seule pour boucler son budget.
Toutes ces initiatives, comme bien d’autres, ont certainement contribué au développement pour la région liégeoise de nouveaux marchés et de nouveaux savoir- faire, et à la création de nouveaux produits et de nouveaux services. Souvent innovantes, elles ont aidé à maintenir une dynamique à Liège qui sera prolongée par certains de ses membres dans d’autres actions, à l’exemple du Festival du Futur et du Synergium Japon- Europe dans les années 80.
La brochure du quarantième anniversaire en 1989 est introduite par les Bourgmestres d’ Aix la Chapelle, Hasselt, Maastricht et Liège. Elle relève les multiples activités de la Jeune Chambre, désormais nommée JCI Liège, au service de sa région. Les coupures de presse rassemblées témoignent de son audience. Le cinquantième et le soixantième anniversaires suivront…
A suivre ? La Jeune Chambre s’appelle dorénavant JCI Liège. Voyez à cette adresse.